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Taqbaylit

La langue kabyle, dénommée Taqbaylit par les membres de la communauté est l'une des principales langues amazighes (berbères). Elle est parlée par les habitants de Kabylie, une région des montagnes de l'Atlas située à 50 km à l'est d'Alger, la capitale de l'Algérie.​

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De nombreux kabyles préfèrent utiliser le nom plus approprié Izwawen (pluriel d’Azwaw) que l’historien Ibn Khaldoun a décrit dans son ouvrage « Histoire des Berbères ». La langue est alors appelée Tazwawt. Bien que le nom Taqbaylit soit en fait utilisé par plusieurs communautés amazighes en dehors de la Kabylie pour désigner leur langue, le nom est utilisé plus généralement par les kabyles et non-kabyles pour désigner la langue amazighe parlée en Kabylie.

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Bien qu’il n'existe aucun recensement officiel effectué dans les communautés amazighe d'Afrique du Nord et ce pour des raisons politiques, de nombreux auteurs s'accordent sur le fait que les kabyles représentent la deuxième population amazighe d'Afrique du Nord, après les Chleuhs, soit environ 8 millions, inclus la diaspora. La Kabylie est une région densément peuplée et très peu développée. Les raisons de cette situation remontent à la colonisation française mais aussi aux politiques des États d’Afrique du Nord qui ont entraîné une immigration vers des pays tels que la France, le Canada et les États-Unis, mais aussi vers de nombreuses villes d’Algérie.


Les langues amazighes partageaient un alphabet spécifique dans l’Antiquité : l’écriture libyque. Cette écriture se retrouve sur l'art rupestre et les pierres tombales dans toute l'Afrique du Nord, de Siwa en Égypte aux îles Canaries. Le libyque a survécu sous forme d'écriture Tifinagh chez les Touaregs d'Algérie, du Mali et du Niger. Aujourd'hui, la plupart des langues amazighes, y compris Taqbaylit, sont écrites en caractères latins avec de légères modifications pour s'adapter aux différents sons, à une exception notable. En effet, lorsque le royaume du Maroc a créé l’Institut de recherche sur la culture amazighe, il a imposé l’utilisation d’une écriture « néo-tifinagh » avec laquelle la plupart des militants amazighs marocains ont manifesté leur désaccord.​

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Taqbaylit et la plupart des langues amazighes furent des langues orales. Elles ont survécu au fil des siècles grâce à l'indépendance et à l'isolement des communautés amazighes. Les nombreuses invasions subites ont accentué cet isolement. Nombreuses de ces communautés vécurent en autarcie quasi complète sur un territoire difficilement accessible ce qui les protégeait des envahisseurs. La langue s'est transmise à travers la poésie et le conte. La colonisation française combattue farouchement par les Amazighs a entraîné le démantelement des piliers de la société amazighe et la régression des identités et a permis l’implantation de l'idéologie arabo-islamique que la France encourageait.

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L'indépendance de la France ne fera que renforcer cette tendance. Avant 1980, la culture kabyle était en grande partie maintenue grâce à une vigoureuse tradition de chants diffusés par l’unique radio “Chaine 2” en langue kabyle, mais également par une diaspora dynamique d’artistes kabyles résidant France. Des poètes tels que Si Muhend et Muhya, des chanteurs comme Slimane Azem, Cherif Kheddam, Ait Menguellat, Idir et Lounes Matoub, pour ne citer que ceux-là, ont maintenu la vivacité de cette culture et ont permis de créer un lien communautaire.​

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En avril 1980, les kabyles ont revendiqué leurs droits à la préservation de leur culture en organisant des manifestations à travers la Kabylie d’où le nom de Printemps Amazigh. Depuis, les langues amazighes ont vu un essor et se sont développée dans les plus petits espaces de liberté accordées par les États d’Afrique du Nord pronant l’arabe et l’islam. Une tradition littéraire dynamique commence à s’enraciner en Kabylie avec de très jeunes auteurs, hommes et femmes. D’autres domaines artistiques sont également investis : production théâtrale et cinématographique, adaptation et doublage de films étrangers, etc. Si le Taqbaylit est désormais enseigné dans la plupart des écoles kabyles, sa portée a été restreinte à bien des égards. Taqbaylit ne reçoit que très peu de ressources, son enseignement est encore facultatif, et n’est dispensée que quelques années à l'école primaire alors que l’arabe est enseigné dés la première année de l’école primaire.

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Taqbaylit se développe pourtant et avance malgré tout, grâce à de nombreux Kabyles jeunes et dynamiques qui tentent de la faire entrer dans l'ère numérique et de lui donner toutes les chances de s'épanouir.​

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Gravure rupestre avec inscription en caractères libyques (Abizar, Kabylie) Photo: https://jahiliyyah.wordpress.com/

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Emblème de la JSK, le club phare de la Kabylie, et champion d’Algérie

Portrait de feu Lounès Matoub, icone, poète, chanteur et militant Kabyle

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